Une crise économique en Allemagne ressouderait le couple franco-allemand

Des divergences importantes sont apparues entre les positions sur l’Europe de la France et de l’Allemagne dans la période récente : l’Allemagne n’accepte qu’une vision minimaliste (un budget d’investissement commun) du budget de la zone euro proposé par la France ; l’Allemagne rejette la coordination des politiques fiscales, sociales, du marché du travail, ne montre que peu d’enthousiasme pour la taxation du CO 2 ou pour une politique industrielle européenne, veut maintenir la discipline budgétaire, cherche un compromis avec le Royaume-Uni sur le Brexit, est favorable au libre-échange avec les Etats-Unis, tous points où la position de la France est aujourd’hui différente. En réalité, quoi que dise le traité d’Aix-la-Chapelle de janvier 2019 l’Allemagne aujourd’hui a une vision non-coopérative de la zone euro : elle rejette la coordination des diverses politiques économiques et accepte la situation présente de concurrence entre les pays. Mais l’économie de l’Allemagne va se dégrader, avec la forte exposition de l’Allemagne aux industries du passé qui sont déjà aujourd’hui en difficulté, avec l’excès d’épargne des ménages, avec la perte de compétitivité-coût. Si l’Allemagne a durablement une économie faible, elle adoptera peut-être une vision plus coopérative de la zone euro qui lui serait alors favorable. Tant que l’Allemagne avait une économie forte, la coopération avec les autres pays de la zone euro était un coût pour l’Allemagne.