Banco BPM : Un profil crédit stabilisé mais encore fragile
Banco BPM a mené à bien en 2017 une grande partie de sa vaste réorganisation interne lancée dès le début de la fusion de Banco Popolare et de Banca di Milano. Les activités ont été rationalisées, recentrées. Les réductions d’effectifs et de coûts prévues sont en bonne voie et ont aidé à l’amélioration de la rentabilité. - Mais comme pour les autres banques italiennes, c’est sur la gestion de son important stock de douteux que Banco BPM est attendu. Le programme s’est déroulé comme prévu en 2017, et va être accéléré, sous la pression de la BCE. L’objectif est de ramener le taux de douteux bruts de 21.1% à 11.5% en 2020. La structure du portefeuille de Banco BPM (large proportion de prêts secured), la reprise économique en Italie, la volonté des autorités de développer un marché secondaire, le développement des sociétés spécialisées en reprise de portefeuille de NPL, etc. laissent à penser que Banco BPM pourra mener à bien son programme de réduction tout en maintenant un niveau de CET1 de 12%, au-dessus des exigences du régulateur. Nous soulignerons là toutefois la nécessité de venir émettre une AT1, sans laquelle, la distance estimée aux exigences sera limitée en 2019. - La réaction de la BCE reste une inconnue : le nouveau plan va-t-il assez loin, alors que d’autres banques ont annoncé des taux de douteux bruts cibles à 10% ? - L’incertitude sur la validation du nouveau plan et la volatilité que pourraient apporter aux marchés les nouvelles propositions sur les douteux des autorités BCE/CE et les élections italiennes du 4 mars, nous conduisent à recommander d’Alléger les Tier 2 à court terme. Nous préférons pour le moment jouer la recovery du crédit avec les seniors 2019/2020 (2.75% 2020 - Asw+95 bp, rdt 0.9%). - >Facteurs de soutien - - Une très belle franchise dans les régions du Nord de l’Italie, avec des parts de marché à plus de 10%. - Une offre variée à sa clientèle principale, les corporates, qui est produite en interne ou proposée via des partenariats à long terme qui viennent d’être négociés (Anima/ Cattolica). - Une solvabilité renforcée, traduite par un ratio CET1 confortable vs un SREP 2018 de 8.875%, soit une distance de 348 bp. - La reprise économique italienne, avec un PIB attendu au-dessus de 1.1%, est un soutien au retour de prêts douteux dans la catégorie performante et à l’activité de crédit. Points à surveiller - - La qualité des actifs est faible, avec un taux de douteux bruts très élevé à 21.1%. Le groupe ambitionne de réduire ses douteux bruts de 30 mds EUR en 2016 à 13 mds EUR en 2020, soit une réduction de 17 mds EUR des NPL, 10 mds EUR de plus que ce qui était envisagé dans le plan initial (2019-23.2 mds EUR de douteux). Au 13/12/2017, 5 mds EUR ont été réalisés et il reste 12 mds EUR de NPL à sortir.- La rentabilité est modeste mais devrait profiter de la réalisation des synergies de coûts et revenus attendus. Toutefois un coût du risque plus élevé pourrait remettre en cause l’objectif de 1 md EUR de RN en 2019. - L’accès aux marchés obligataires est essentiel. Pour maximiser la structure en capital et respecter le MREL, émissions d’AT1 et Tier 2 sont attendues dans les mois à venir. En net, le volume d’émissions total devrait être négatif, ce qui permettra de réduire les coûts de funding.-Les propositions, attendues dans les semaines à venir, de la Commission Européenne et de la BCE pour accélérer le nettoyage des bilans en Europe sont importantes. Des demandes trop exigeantes ou dans des délais réduits seraient incompatibles avec la solvabilité actuelle de Banco BPM et nécessiteraient de renforcer la solvabilité.