Changement du narratif économique

Des Etats-Unis dans une forme exceptionnelle, une Europe endormie, c’était en exagérant à peine la vue qui dominait il y a quelques mois. En 2023 puis en 2024, l’économie américaine avait surpris par sa vigueur, l’économie européenne par sa torpeur, spécialement l’Allemagne. En quelques semaines, le « narratif économique » (pour reprendre l’expression de Robert Shiller) a radicalement changé, bien plus que les conditions économiques sous-jacentes qui, sauf choc soudain type crise financière ou pandémie, sont en général assez inertes. Aux Etats-Unis, la politique tarifaire de Donald Trump est confuse et fait craindre aux ménages et aux entreprises des prix plus élevés et des revenus plus faibles. Poussées à l’extrême, ces tendances portent un nom, la stagflation. On en est encore loin, mais ce risque force la Fed à l’immobilisme. Le même président Trump a réveillé en sursaut les dirigeants européens en leur faisant comprendre que le parapluie de sécurité américain n’était plus garanti. Le futur chancelier allemand a changé en quelques jours de paradigme budgétaire, l’Europe veut se réarmer. Il faut faire la part entre ces annonces et leur mise en œuvre, surtout s’il s’agit de conduire une politique industrielle coordonnée selon les lignes préconisées par le rapport Draghi. Mais les perspectives d’une vraie reprise en Europe s’affermissent.