Prévisions Financières Novembre 2025 : L'Europe résiste, la BCE s'arrête là
L'Europe résiste mieux que prévu avec une croissance de 0,2% au T3, portée par l'Espagne +0,7% (encore) et la France +0,5% (une bonne surprise) alors que l'Italie et l'Allemagne stagnent. Parallèlement, l'IFO est au plus haut depuis 2022, les PMI également depuis 17 mois, les ventes de voitures en hausse pour le 3ème trimestre consécutif de plus de 11% (+30% pour les électriques), on assiste à un fort rebond des commandes industrielles et 79K jeunes en moins sont au chômage par rapport à l'année dernière en Europe, etc.La France surprend notamment malgré la comedia del arte de la politique française et affiche une croissance de 0,5% après +0,2%, soit sa plus forte croissance depuis 2 ans grâce à l'industrie (+0,8%) et aux exportations (+2,2%), à l'investissement des entreprises (+0,9%) et (un peu) à la consommation (+0,1%). On peut aussi citer la baisse du chômage de 1% au T3 après avoir créé 52K emplois au T2. Ou les créations d'entreprises en hausse de 2,7% sur un an. Au total, nous révisons à la hausse la croissance française de 0,7% à 0,9%.Nous changeons notre scénario, BCE avec désormais un statu quo attendu en décembre. Il faudrait de très mauvaises surprises macros (ce que nous ne voyons pas dans nos indicateurs avancés pour l'instant). Surtout la BCE semble plus confiante sur la croissance (les risques ont diminué) alors que ceux sur l'inflation sont jugés autant possibles à la hausse qu'à la baisse avec une inflation proche de l'objectif (2,1% en octobre). Bref, la charge de la preuve a changé de camp et la plus forte probabilité, 70/30, va à un statu quo.Le différentiel de taux jouant moins (et la probabilité d'une baisse en décembre aux US ayant baissé même si elle reste notre scénario central) que les dynamiques de croissance et de flux, nous revoyons l’EUR USD légèrement en baisse à 1,18.Aux Etats-Unis, le policy mix reste très différent. La croissance résiste mieux, dopée à l'IA et au déficit (toujours le plus élevé enregistré en temps de paix autour de 7%), et devrait atteindre 1,8% (vs 2,8% en 2024, donc le ralentissement se confirme néanmoins). Les craintes sur l'emploi continuent à dominer et pèsent sur la confiance des consommateurs qui baisse pour le 3ème mois consécutif et a permis à la Fed de procéder à sa 2ème baisse cette année, malgré une inflation qui continue à monter et atteint désormais les 3% en septembre.Nous continuons de privilégier une autre baisse de 25 pb en décembre même si la probabilité a un peu baissé. J. Powell a dit qu'il n'y avait rien de définitif à ce stade et peut-être voudra-t-il faire preuve de résistance avant la nomination de son successeur qui, nommé si loin en amont, va rendre sa tâche difficile et peser sur la prime de risque et le dollar (moins si c'est Waller, plus si c'est Kevin Hasset ou encore plus Scott Bessent).La Chine, grande gagnante de la guerre commerciale pour l'instant (plus de 5% de croissance), a annoncé pour les 5 ans à venir vouloir favoriser la demande domestique tout en répétant son mantra de devenir un leader technoloque, de se débarrasser des énergies fossiles et de calmer les excès de "l’involution" sur le manufacturier et de promouvoir le Yuan digital et le rôle du RMB... bref d'accroître l'influence de la Chine à l'international. En attendant, les défis sont nombreux avec une croissance toujours portée essentiellement par les exportations même si la consommation dépasse déjà les 50% du PIB, et avec un accord avec les US qui ressemble plus à une trêve et qui ne remet pas en cause le découplage croissant entre les Etats-Unis (avec une part des exportations vers les US sous les 10% contre 21% en 2016).Le retour des abenomics au Japon, avec l'arrivée de Mme Takaichi, serait le signe d'une croissance plus inflationniste, donc toutes choses par ailleurs plus favorables au rapatriement de flux sur les actions domestiques. Nous révisons légèrement à la hausse la croissance 2025 et 2026 à 1% et 0,8%.Si la valorisation des actions US continue de poser question avec une concentration inédite sur quelques valeurs (avec 10 valeurs qui font quasiment 50% du S&P), et le top 1% des plus riches qui détient lui-même quasiment 50% du total (les stocks US sont 60% plus gros que l'ensemble des indices Europe et Asie réunis, ils représentent plus de 50% du MSCI, etc.), le scénario d'une meilleure résistance de la croissance, de bons résultats, de baisse du taux d'actualisation à venir avec la Fed nous fait toujours anticiper les 7000 points pour le S&P d'ici la fin de l'année. Le saladier de punch reste sur la table, la musique continue même si on aperçoit quelques cafards disgracieux pour ne pas dire inquiétants sous la table ici ou là...