Avec quels critères faut-il juger les choix de la BCE depuis l’arrivée de M. Draghi ?
Il nous semble qu’en étant équitable, on peut porter les jugements suivants sur les choix de la BCE depuis la fin de 2011 : la politique monétaire très expansionniste menée depuis 2013 a rétabli la solvabilité de tous les groupes d’agents économiques ; de ce fait, elle a évit é que la crise des dettes se poursuive, elle a évité la désintégration de l’euro et elle évite aujourd’hui une récession ; mais cette politique monétaire très expansionniste n’a conduit, ni par une accumulation plus rapide de capital, ni en favorisant les réformes structurelles, à aucune amélioration de la croissance potentielle de la zone euro ; enfin, sa poursuite alors que le taux de chômage est revenu à des niveaux historiquement bas, conduit à l’apparition de nombreux dangers pour le moyen terme : bulle immobilière, affaiblissement des banques de la zone euro, report de l’épargne vers la monnaie, ruine des épargnants et futurs retraités. On peut donc conclure que la BCE a eu, sans doute sous la contrainte, un biais court- termiste et défensif : une crise très grave a été évitée mais , on l’a vu , les menaces pour le long terme sont nombreuses, et la politique monétaire très expansionniste n’a pas aidé à redresser la croissance potentielle de la zone euro.