Budget 2026 : Une route semée d’embuches
Le Président Emmanuel Macron a renommé S . Lecornu au poste de Premier ministre vendredi 10 octobre, moins d'une semaine après avoir accepté sa démission , une décision qui n’était pas forcément anticipée . Le Premier ministre a survécu à ses deux premières motions de censure, ce qui suggère qu’il existe une courte majorité pour éviter une nouvelle dissolution à court terme. Néanmoins, il nous apparaît peu probable que l’instabilité politique se résorbe durablement alors que le Parlement reste fragmenté. En particulier, la possibilité de "pactes de non-censure" durables nous semble limité e à l'approche des élections municipales (mars 2026) et présidentielles (avril 2027). La France aura-t-elle un budget d’ici la fin de l’année ? Nous pensons que l'issue la plus probable est que la France ne disposera pas d’un budget complet d'ici la fin de l'année. Trouver des compromis en soixante-dix jours constitue un véritable défi et les débats parlementaires pourraient subir des retards, ce qui conduirait à l’adoption d’un budget complet seulement au début de l’année 2026. Le risque de censure du gouvernement durant les débats parlementaires reste par ailleurs élevé, compte tenu de la fragilité des équilibres politiques. Un budget, mais quel budget ? Le budget soumis par S. Lecornu est proche de celui présenté de F. Bayrou cet été, avec une cible de déficit public à 4,7% en 2026 après 5,4% attendu en 2025. Lors de son discours de politique générale, le Premier ministre a semblé ouvert à une légère dégradation de la cible du déficit public durant les débats parlementaires, mais pas au-delà de 5,0% du PIB. Nous pensons que cet objectif reste optimiste. Existe-t-il un arbitrage entre stabilité politique et suspension de la réforme des retraites ? A court-terme, le coût de cette suspension est inférieur à celui de l'incertitude politique qui aurait coûté entre 0,2 et 0,3 points de croissance en 2025. Néanmoins, cela pourrait se révéler une victoire à la Pyrrhus , car cela ouvre la voie à une suspension durable et envoie un signal très négatif concernant la capacité de la France à mettre en œuvre des réformes structurelles, alors que les pays voisins ont relevé l'âge légal de départ à la retraite à 65 ou 67 ans.