Ce qui frappe quand on regarde l’économie de la France est la fragilité
L’économie de la France pourrait faire illusion aujourd’hui : la progression du PIB depuis 20 ans est la même qu’en Allemagne ; le taux de chômage est revenu vers ses niveaux les plus bas et le taux d’emploi est supérieur à celui d’avant la Covid ; la balance courante est en moyenne équilibrée sur les quelques derniers trimestres : l ’ écart de taux d’intérêt avec l’Allemagne reste très faible ; les faillites d’entreprises sont à un niveau historiquement bas. Mais l’examen plus attentif de la situation de l’économie française révèle plusieurs fragilités inquiétantes : l’incapacité croissante de l’industrie à répondre à la demande ; il en résulte un énorme déficit extérieur pour les produits industriels, compensé par l’excédent des services (tourisme) et les rapatriements de profits des multinationales françaises ; il en résulte aussi la dégradation de la qualité de l’économie , des emplois ; le report sur l’ É tat des difficultés des autres agents économiques. L’ É tat a pris à sa charge le soutien des profits des entreprises (baisses d’impôts divers es ) et celui du pouvoir d’achat des ménages (transferts compensant l’inactivité pendant la Covid puis l’inflation). La bonne situation financière des entreprises et la progression du pouvoir d’achat des ménages ont donc comme contrepartie la dégradation de la situation financière de l’ É tat. Mais cet équilibre devient impossible à prolonger si la lutte de la BCE contre l’inflation conduit à une hausse durable des taux d’intérêt réels ; la situation du marché du travail. Même si le taux d’emploi a augmenté et si le taux de chômage est faible par rapport au passé, la situation du marché du travail est en réalité fortement dégradée : les difficultés d’embauche des entreprises révèlent l’inadéquation au niveau sectoriel de l’offre et de la demande de travail ; les compétences des enfants continuent à reculer, ce qui annonce la poursuite du recul des compétences des adultes ; le déficit d e taux emploi vis-à-vis de l’Allemagne ou des pays du n ord de l’Europe ne s’est pas corrigé, et conduit à un déficit de revenu par habitant et de recettes fiscales, à des inégalités de revenu avant redistribution très élevées ; le recul des gains de productivité, qui sont maintenant négatifs, avec le mélange du sous-investissement, du recul non compensé de la durée du travail, de la faiblesse des compétences. Il faut attendre une croissance potentielle très faible (nulle ?), aggravant les problèmes de solvabilité de l’ État .