Comment choisir une politique monétaire dans la zone euro alors que la situation des banques et la progression du crédit sont très différentes d’un pays à l’autre ?
Si les banques de la zone euro sont confrontées : à un taux d’intérêt marginal très négatif sur les dépôts à la BCE ; à une forte augmentation de leur liquidité avec le Quantitative Easing, ceci les conduit normalement à vouloir distribuer davantage de crédit, ce qui est probablement l’objectif de la BCE. Mais ceci fait apparaître deux problèmes importants : si les banques manquent de fonds propres pour prêter davantage, elles vont déposer à la BCE à taux d’intérêt négatif leur excès de liquidité, ce qui va réduire encore plus leur profitabilité et leurs fonds propres ; cette politique monétaire ne prend pas en compte le fait que le crédit bancaire croît rapidement (trop rapidement) en France et en Allemagne, et recule en Espagne et en Italie. Soutenir la croissance du crédit est donc inefficace en France et en Allemagne, si de plus le crédit fait monter les prix de l’immobilier et les réserves de cash des entreprises. La politique monétaire suggérée par la BCE n’a donc pas de sens si elle n’est pas accompagnée par une politique macroprudentielle très active qui réduise la distribution de crédit en France et en Allemagne.