Comment réfléchir à l’endettement public des pays de la zone euro ?
Les déficits publics des pays de la zone euro vont être très importants en 2020 et certainement encore en 2021. Ceci a lancé un débat sur la difficulté qu’il pourrait y avoir à rembourser les dettes publiques : faudra-t-il augmenter les impôts, réduire les dépenses publiques ? En réalité, il n’y a pas de problème de remboursement des dettes publiques : la première possibilité est que la BCE achète et continue à acheter les dettes publiques (des Etats, ou mutualisées par l’Europe) émises et ne réduise pas dans le futur la taille de son bilan. On sait alors que, de fait, les dettes publiques irréversiblement détenues par la Banque Centrale sont annulées, et ne devront donc jamais être remboursées ; la seconde possibilité est que, si la BCE doit réduire ses achats de dette publique, par exemple parce qu’il y a redressement de l’inflation avec la hausse des coûts de production due aux nouvelles normes sanitaires, il y ait émission de grande taille de dette européenne mutualisée qui se substitue aux émissions des Etats. Les taux d’intérêt sur cette dette européenne mutualisée seraient très faibles, et cette dette pourrait avoir une maturité très longue. Le service de cette dette serait donc très faible ; la troisième possibilité est que, si la BCE arrête de monétiser les déficits publics et si une dette européenne mutualisée n’est pas possible, étant rejetée par quelques pays, chaque pays de la zone euro émette une dette publique nationale de maturité très longue. Compte tenu des niveaux présents des taux d’intérêt, le rendement des investissements financ é s avec cette dette serait nettement supérieur aux taux d’intérêt pour la grande majorité des pays de la zone euro ; ces pays n’auraient donc aucun problème de remboursement de la dette. Il reste dans ce troisième cas le risque que, dans quelques pays périphériques (Italie, Grèce ?) le taux d’intérêt à très long terme soit supérieur au rendement des investissements financés par la dette, et donc que ces pays doivent dans le futur passer à une politique budgétaire plus restrictive pour rester solvables.