Conséquences du soutien du pouvoir d’achat : l’exemple de la France

Tous les pays européens ont pris des mesures de soutien du pouvoir d’achat en face de la hausse des prix des matières premières (énergie, alimentation), mais c’est particulièrement le cas en France avec le plafonnement des prix de l’énergie qui explique que l’inflation est nettement plus faible en France que dans les autres pays. Nous nous interrogeons sur les conséquences d’un fort soutien du pouvoir d’achat des ménages par des transferts publics, en prenant donc l’exemple de la France où ce soutien est particulièrement important. Le point central de l’analyse est l’élasticité des importations à la demande intérieure. Si cette élasticité est forte, ce qui est le cas en France, les transferts publics aux ménages, qui risquent d’être durables puisque la hausse des prix des matières premières le sera probablement : conduisent bien sûr à un déficit public supplémentaire ; mais conduisent aussi à un faible soutien de la production et à une forte hausse des importations, à une forte dégradation du commerce extérieur ; d’où un supplément d’endettement public qui a surtout comme contrepartie un supplément d’endettement extérieur. Dans le cas de la France, 62 % des transferts publics ainsi mis en œuvre se transforment en déficit extérieur. Cette politique, lorsque l’élasticité des importations à la demande intérieure est f orte , revient donc à financer un supplément de consommation par l’endettement extérieur, ce qui n’est clairement pas recommandable (par rapport à un endettement extérieur qui financerait des investissements productifs). Et de plus , ce supplément de consommation est largement importé, donc n’a aucun effet favorable , même à court terme. Au minimum, il faudra it cibler cette politique sur les ménages les plus modestes pour réduire l’ampleur de l’endettement (public et extérieur liés) qu’elle génère.