Diriger l’épargne de la zone euro vers le financement de la transition énergétique : cela n’a pas de sens, sauf en ce qui concerne l’épargne prêtée au reste du Monde
On entend souvent affirmer qu’il faut diriger l’épargne des Européens vers le financement de la transition énergétique. Pour analyser cette question, il faut distinguer l’épargne prêtée au reste du Monde (qui est identique à l’excédent de la balance courante) et l’épargne prêtée à des agents économiques résident s de la zone euro. En ce qui concerne cette dernière, il faut comprendre qu’on est confronté à un j eu à somme nulle : si davantage d’épargne est utilisée pour financer la transition énergétique, il y aura moins d’épargne disponible pour financer les déficits publics et les investissements des entreprises ( autres que ceux li é s à la transition énergétique) et pour financer les investissements en logement. Le levier d’action pour augmenter le financement des investissements de transition énergétique est d’utiliser , pour ce financement , l’épargne actuellement prêtée par la zone euro au reste du Monde. Cela implique de restaurer la mobilité des capitaux à l’intérieur de la zone euro, ce qui nécessite , d’une part , un changement de réglementation (pour que les banques pan - européennes puissent transférer de la liquidité d’une de leurs filiales de la zone euro à une autre), d’autre part , un changement de préférence des pays à excédent d’épargne (essentiellement Allemagne), qui aujourd’hui préfèrent investir cet excédent dans le reste du Monde (en particulier aux États-Unis) que dans d’autres pays de la zone euro.