Erratum - Prévisions Financières Mai 2025 : Désescalade ?
Entre la pause des tarifs réciproques, les réassurances sur l’indépendance de la Fed, le recul sur les droits de douane pour les smartphones, puis les autos et l’aveu que les 145% sur la Chine n’étaient pas tenables, un certain retour à la raison se profile avant néanmoins le moment de vérité du 9 juillet.Nous conservons notre scénario avec les droits de douane qui demeurent. Si nous avons plus de scénarios que de certitudes, certaines demeurent. D'abord, le commerce mondial va être massivement impacté (l’OMC est passé d'une prévision de croissance de 2,7% prévu en 2025 à une contraction de 0.5% au mieux, un repli qu’on n'avait pas vu depuis le COVID). La deuxième conviction est que le découplage Chine-Etats-Unis est irrémédiable et va s’accélérer malgré d’éventuelles concessions.Au final on sent bien qu’on aboutira à des accords (Inde, Japon, GB, en premier, et plus difficilement avec le Canada, l’Europe et encore plus hypothétiques avec la Chine). On devrait avoir ainsi un taux plancher (10% actuels), des tarifs sectoriels, peut-être 10/15% sur l’Europe et un niveau proche de ceux évoqués lors de la campagne (60%) sur la Chine. On restera ainsi dans une guerre commerciale inédite depuis un siècle avec des droits de douane toujours 5 à 10 fois supérieurs à ceux qui prévalaient avant l’avènement de D. Trump.On aura bien un effet stagflationniste sur les Etats-Unis : nous conservons peu ou prou notre scénario autour de 1% de croissance et une inflation qui tangente les 4% (3,8% pour le PCE en fin d’année) avec un taux de chômage autour de 4,9%. La Fed devrait attendre septembre pour baisser ses taux ne serait-ce que pour asseoir son indépendance et sa crédibilité face aux attaques de l’administration et attendre la matérialisation du choc sur l’économie.La Chine est beaucoup mieux armée pour résister aux Etats-Unis (qui représentent moins de 15% de ses exportations, dont elle ne dépend plus pour son énergie, elle n’en importe plus que 13% de son alimentation contre 21% en 2016 etc.) et devrait conserver une croissance de plus de 4%, entre la baisse du Yuan (7.35% attendu) et un policy mix volontariste.L’impact sur l’Europe devrait être de l’ordre de –0,2/-0,3% avec une croissance à 0,8% cette année dont 0,6 % pour la France (contre 0.5% précédemment à la faveur d’une consommation qui a l’air de résister malgré tout avec des gains confirmés de pouvoir d’achat).Nous changeons notre call sur la BCE qui baisserait ses taux non plus seulement à 2% en juin mais qui poursuivrait au-delà pour atteindre les 1.50% en septembre. Côté Fed aussi, nous passons de 2 à 3 baisses de taux cette année (septembre, octobre et décembre) et gardons une cible à 3% pour avril 2026.Nous restons prudents sur les actions US à court terme et les ventes de Treasuries pourraient se poursuivre. Le dollar continuerait sa chute à 1,21% d’ici la fin de l’année avec un EUR mieux corrélé aux valeurs refuges qui à l’instar du CHF et de l’or continuent leur envolée.La pause sur les droits de douane ne veut pas dire effacement. Et l’incertitude va continuer, pour encore sans doute plus de 1200 jours au moins…