Faut-il avoir peur des Banques Centrales ?
Beaucoup d’investisseurs ont peur que les politiques monétaires deviennent fortement restrictives, pour lutter contre l’inflation, et que cela conduise à un fort recul des marchés d’actions. Effectivement, si les Banques Centrales se comport ai ent comme dans le passé, elles augmenteraient aujourd’hui beaucoup leurs taux d’intérêt, et les taux d’intérêt à long terme augmenteraient beaucoup aussi. Mais il existe de nombreuses raisons pour lesquelles les Banques Centrales doivent être aujourd’hui plus prudentes que dans le passé, d’où des hausses nettement plus modestes des taux d’intérêt. Il s’agit : du niveau élevé des taux d’endettement public, d’où l’apparition de l’objectif de maintien de la soutenabilité des dettes ; du niveau élevé de la richesse, d’où la nécessité d’éviter une bai sse forte des prix des actifs (actions, immobilier) qui déclencherait un effet de richesse négatif violent ; de l’apparition d’objectifs liés à l’économie réelle : soutien de l’emploi pour réduire les inégalités, soutien de la croissance potentielle pour faciliter le désendettement ; de la faible indexation des salaires aux prix, qui implique une baisse des salaires réels, donc de la demande, lorsque l’inflation apparaît, d’où un mécanisme spontané de stabilisation de l’inflation ; de la volonté des Banques Centrales de faciliter la transition énergétique ; celle-ci nécessite des investissements très importants de rentabilité financière faible, d’où le besoin de maintenir des taux d’intérêt à long terme faibles aussi ; de la compréhension de ce que, si l’inflation vient de chocs d’offre défavorables, la hausse des taux d’intérêt est une réponse inadaptée ; de la difficulté, dans la zone euro, de justifier une politique monétaire plus restrictive alors que les économies vont souffrir de la guerre en Ukraine.