Faut-il que les Banques Centrales se battent pour ramener l’inflation à 2% ?
Aux Etats-Unis, dans la zone euro, au Japon, les Banques Centrales « se battent » pour ramener l’inflation à 2%, d’où des taux d’intérêt depuis longtemps anormalement faibles . Faut-il que les Banques Centrales aient ce comportement ? L’argument usuel en faveur du retour de l’inflation à 2%, et du rejet d’une inflation restant à 0% ou 1%, est que si l’inflation acceptée par la Banque Centrale est faible, les taux d’intérêt nominaux à l’équilibre sont faibles, et puisque les taux d’intérêt nominaux doivent rester positifs, la marge de manœuvre pour baisser les taux d’intérêt en cas de récession est très faible. On met aussi en avant le fait que si l’inflation est basse, puisque les salaires nominaux ne peuvent pas baisser, la marge d’ajustement des salaires réels devient très faible. Mais en réalité, 0% n’est pas un niveau magique pour l’inflation ou les taux d’intérêt : la contrainte de positivité des taux d’intérêt nominaux vient seulement de ce qu’il existe des actifs financiers (billets, dépôts à vue) rémunérés à 0% ; si ces actifs disparaissent (passage à la monnaie électr onique , possibilité d’un taux d’intérêt négatif sur les dépôts à vue), la contrainte de positivité des taux d’intérêt disparaîtrait aussi ; une inflation nulle ou négative serait parfaitement acceptable s’il n’y avait pas de rigidité nominale, en particulier s’il était possible que les salaires nominaux diminuent (pour éviter une hausse anormale du salaire réel en cas d’inflation négative) . Le combat actuel des Banques Centrales, avec les dangers induits, vient donc seulement de l’existence de la monnaie rémunérée à 0% et de la rigidité nominale des salaires.