France, Allemagne : deux philosophies de la politique économique
Il y a dans la zone euro une insuffisance claire de l’investissement, ce qui se voit : à l’excès de l’épargne sur l’investissement ; au freinage de la croissance du capital ; aux besoins nouveaux d’investissement : énergies renouvelables, autres besoins de la transition énergétique (rénovation de l’habitat, moteurs électriques…). Face à cette nécessité d’investir davantage dans la zone euro, la France et l’Allemagne ont deux philosophies très différentes de politique économique : pour la France, il s’agit clairement d’une philosophie d’interventionnisme étatique : l’Etat peut choisir les technologies du futur, les industries du futur, et y investir en partenariat avec les entreprises ; pour l’Allemagne, il s’agit historiquement de l’ordolibéralisme : l’Etat ne fait pas de politique industrielle, n’intervient pas dans les choix des entreprises, mais peut apporter un environnement favorable. Aujourd’hui, dans cette ligne ordolibérale, le patronat allemand réclame des baisses d’impôts, et non des investissements publics dans les Nouvelles Technologies. La nouvelle Commission Européenne a visiblement choisi la philosophie de la France. Dans le « European Green Deal », on dit que la Commission adoptera une stratégie industrielle, veut qu’il y ait un p lan p ublic d’ i nvestissement pour aider à atteindre l’objectif d’une hausse de 260 Md d’euros par an d’investissements supplémentaires. Mais ce choix est en contradiction avec la philosophie traditionnelle de l’Allemagne en matière de politique économique.