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Patrick Artus

France : après 20 ans de solutions de facilité, il va falloir traiter le fond des problèmes

Dans de nombreux domaines, les gouvernements successifs ont choisi des solution s de facilité en France plutôt que de traiter réellement les problèmes. On arrive aujourd’hui au stade o ù les solutions de facilité ne sont plus disponibles, et où il va falloir passer à de vrais remèdes. Montrons ce que cela peut concerner  : la dégradation de la structure des emplois, avec en particulier le recul de l’emploi industriel ; plutôt que d’essayer de redresser l’industrie et d’éviter le recul de la qualité des emplois, le choix fait a été de baisser le coût du travail non qualifié pour faciliter la transformation d’emplois qualifiés (industriels) en emplois peu qualifiés et éviter ainsi la hausse du chômage  ; le maintien d’un taux d’emploi anormalement faible par rapport aux autres pays, avec toutes les conséquences induites sur le niveau de revenu, les recettes fiscales ; plutôt que de mener des politiques de redressement du taux d’emploi (élévation des compétences, réforme fiscale) , le choix fait a été de soutenir le revenu par des transferts publics  ; l ’acceptation d’inégalités de revenu avant politiques redistributives très élevées ; plutôt que de mener des politiques qui réduiraient ces inégalités (réforme du système éducatif, du système de formation professionnelle, élévation de la qualité des emplois), le choix fait a été de réduire les inégalités de revenu après redistribution, tout en laissant subsister les inégalités très élevées avant redistribution, par des politiques redistributives de grande taille  ; l ’acceptation d’un État peu efficace, de productivité faible ; plutôt que d’améliorer l’efficacité de l’État , en y introduisant des objectifs de productivité, en y réduisant la bureaucratie, en rendant les emplois publics plus attractifs, le choix fait a été de financer cet État inefficace par la hausse de la pression fiscale et de l’endettement public  ; l ’absence de réaction à la dégradation du système scolaire et des compétences des enfants, particulièrement dans les matières scientifiques, et l’acceptation des conséquences de cette dégradation (transmission entre génération s des inégalités, rareté des ingénieurs et des techniciens) plutôt que de regarder les exemples étrangers des pays où le système scolaire est très efficace  ; le maintien de la croyance en une forte attractivité de la France pour les entreprises, basée sur une mesure théorique de l’attractivité (baisse de certains impôts, aide à la recherche, quelques réformes du marché du travail…) , alors qu’en réalité les entreprises investissent en dehors de France, le commerce extérieur se dégrade ainsi que la qualité de l’économie (substitution de services peu sophistiqués à l’industrie…)  ; l ’absence de correction de la cause fondamentale de la hausse des prix de l’immobilier qui est l’insuffisance de construction, et la correction des hausses des prix de l’immobilier par des aides publiques  ; On parvient aujourd’hui à la limite de l’utilisation des solutions de facilité : il n’est plus possible de baisser davantage les cotisations sociales  ; d’augmenter davantage les transferts publics, les politiques redistributives, la pression fiscale ; de ne pas stabiliser le taux d’endettement public ; de continuer à laisser maigrir l’industrie et se dégrader le commerce extérieur. Dans un Monde o ù les raretés reviennent et o ù en conséquence les taux d’intérêt réels vont être plus élevés, o ù les autres pays ont choisi des trajectoires différentes, ces solutions de facilité ne vont plus être disponibles et il va falloir passer à un traitement de fond des problèmes.
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