France : faut-il s’inquiéter de l’endettement des entreprises?
La Banque de France (le Haut Conseil de Stabilité Financière) s’inquiète de la hausse du taux d’endettement des entreprises en France. Il est vrai que le taux d’endettement des entreprises augmente depuis la crise de 2008 en France alors qu’il diminue dans les autres pays de l’OCDE (sauf aux Etats-Unis où il augmente mais où il est faible). Faut-il pour autant s’inquiéter ? Nous ne le pensons pas : l’endettement des entreprises françaises vient de ce que les entreprises ont maintenu un niveau d’investissement élevé alors que leur profitabilité est faible ; en France et en Italie, la déformation du partage des revenus en faveur des salariés réduit la profitabilité des entreprises ; les entreprises italiennes ont réagi en réduisant leurs investissements, les entreprises françaises en s’endettant, ce qui est préférable ; le faible niveau des taux d’intérêt sur la dette des entreprises implique que la rentabilité des investissements est nettement supérieure au coût de la dette, ce qui rend celle-ci favorable, d’autant plus qu’il s’agit surtout de crédits à long terme ; les LBO (lever aged loans) dont on peut s’inquiéter de l’évolution ne représentent qu’une toute petite partie (2%) des crédits bancaires aux entreprises françaises. En réalité, la Banque de France rentre dans la logique de la BCE : la politique monétaire a des objectifs macroéconomiques (inflation, croissance) ; la stabilité financière est assurée par les politiques macroprudentielles (ratios des banques…). La Banque de France veut montrer que ces politiques macroprudentielles existent réellement, qu’il n’y a donc pas de danger à maintenir des taux d’intérêt nuls, et pour cela elle les utilise, mais de manière homéopathique.