France : les enseignements de 1981
On entend aujourd’hui souvent suggérer en France d’accroître les salaires, en particulier les bas salaires, d’augmenter les dépenses de protection sociale et plus généralement les dépenses publiques, de maintenir un âge précoce de départ à la retraite, de réduire la durée du travail. Or, toutes ces mesures de politique économique avaient été prises en 1981-82 après l’élection de F. Mitterrand à la Présidence de la République : hausse du salaire minimum (38% en tout), associée à une baisse des cotisations sociales des entreprises, hausse de nombreuses prestations sociales (famille, logement, chômage, vieillesse), hausse forte des investissements publics (+21% en 1982), créations d’emplois publics (162 000 personnes de 1981 à 1983), baisse de 40 à 39 heures de la durée du travail, 5 ème semaine de congés payés, pré-retraites à 55 ans et retraite à taux plein à 60 ans. Quelles ont été les conséquences de cette politique économique ? L e déficit public devient très important à partir de 1981, les taux d’intérêt augmentent, la pression fiscale est accrue, la compétitivité-coût se dégrade ; l’inflation augmente ; le déficit extérieur devient vite très important, ce qui rend nécessaire une succession de dévaluations du taux de change ; la croissance n’est soutenue que très transitoirement ; l’emploi stagne ; le chômage s’accroît fortement, surtout le chômage des peu qualifiés ; la profitabilité des entreprises recule et l’investissement est durablement déprimé. Ces conséquences devraient normalement décourager de mener aujourd’hui les mêmes politiques, de plus dans une situation où il n’est plus possible de dévaluer pour restaurer la compétitivité-coût.