Il faut arrêter la désinformation des Français sur l’économie
Les débats récents entre hommes politiques et syndicalistes concernant les politiques économiques à mener en France ont été l’occasion d’entendre un grand nombre de contrevérités manifestes : ce n’est pas en organisant la désinformation des Français sur l’économie qu’on fera apparaître un débat pertinent sur les politiques économiques. Donnons quelques exemples de ces contrevérités (la liste n’est pas exhaustive) : le passage à un système de retraite par points conduit nécessairement à la baisse des retraites ; en réalité, quel le que soit l’organisation du système de retraite (par annuités, par points, en capitalisation), ce qui compte est le pourcentage du PIB que la société accepte de consacrer au paiement des retraites. C’est presque 14% aujourd’hui en France, et ce montant sera le même avec le système par points ; le passage à un système de retraite par capitalisation ruinerait les Français, les condamnerait à une retraite faible. C’est exactement l’inverse : si le système de retraite en France avait comporté une dose de capitalisation, le rendement de la capitalisation ayant été beaucoup plus élevé que celui de la répartition depuis 40 ans, les retraites seraient aujourd’hui beaucoup plus élevées ; la hausse du salaire minimum soutiendrait la demande, l’emploi et donc les recettes de cotisations sociales permettant d’accroître la générosité du système de protection sociale ; or, tous les travaux de recherche montrent un très fort effet négatif de la hausse du coût du travail peu qualifié sur l’emploi peu qualifié ; accroître fortement le SMIC détruirait des emplois et ferait reculer les recettes fiscales ; il n’y aurait pas en France de justice sociale. Or la France est, parmi les pays de l’OCDE, un de ceux où les politiques redistributives sont de plus grande taille, où les salaires réels ont augmenté le plus rapidement par rapport à la productivité et où le salaire minimum est le plus élevé relativement au salaire médian. Pour pouvoir résoudre les véritables problèmes de la France (faiblesse de la mobilité sociale, faible taille de l’industrie, compétences faibles de la population active, croissance lente de la productivité) et débattre des politiques économiques à mettre en œuvre, il faut arrêter de désinformer les Français sur les mécanismes économiques ou sur la nature des problèmes.