Il faut reconstruire la théorie de la politique monétaire
Depuis le début des années 1980, la théorie de la politique monétaire est celle de R. BARRO et D. GORDON ( 1) , la crédibilité des Banques Centrales. Il faut une Banque Centrale ayant une aversion anormalement élevée pour l’inflation, pour éviter qu’elle soit tentée d’ utiliser, de manière inefficace, l’inflation non anticipée pour stimuler l’activité. Mais la disparition des liens entre inflation et chômage et entre politique monétaire et inflation rend cette théorie inutilisable aujourd’hui. La bonne théorie est devenue celle de Th. SARGENT et N. WALLACE ( 2) , qu’on appelle maintenant la dominance fiscale : lorsque le taux d’endettement public devient trop élevé, la Banque Centrale est contrainte d’utiliser la politique monétaire pour restaurer la solvabilité budgétaire de l’État en monétisant la dette publique. Il reste à réfléchir aux conséquences à long terme de la dominance fiscale. Pour Sargent et Wallace, c’est le retour de l’inflation. Dans les économies contemporaines, c’est d’abord l’inflation des prix des actifs, mais elle a une limite, car la richesse ne peut pas perpétuellement augmenter par rapport aux revenus. C’est ensuite une crise monétaire, avec le refus par les agents économiques de détenir encore plus de monnaie. (1) Robert BARRO, David GORDON, « A Positive Theory of Monetary Policy in a Natural-Rate Model », Journal of Political Economy, vol. 91, n ° 4, 1983. (2) Thomas SARGENT et Neil WALLACE, « Some Unpleasant Monetarist Arithmetic », Federal Reserve Bank of Minneapolis Quarterly Review, automne 1981.