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Patrick Artus

Il n’y a pas un seul capitalisme néo-libéral

On critique souvent le capitalisme néo-libéral, responsable entend-on dans les pays de l’OCDE de la déformation du partage des revenus au détriment des salariés, de la hausse des inégalités, de la globalisation, de la concurrence fiscale, des désordres climatiques… Mais, au cours du temps, il y a eu plusieurs formes très différentes de capitalisme néo-libéral : dans la version initiale de Milton Friedman (par exemple dans son livre de 1962, Capitalisme et Liberté), qui est souvent caricaturée, les entreprises doivent avoir un seul objectif, qui est de maximiser les profits pour les actionnaires, mais l’Etat a un rôle important : donner à tous une éducation de qualité, lutter contre la pauvreté, assurer la libre concurrence et faire disparaître les positions dominantes et les monopoles ; le capitalisme néo-libéral « dur » vient ensuite (fin des années 1970, années 1980) avec M. Thatcher et R. Reagan : austérité salariale, concurrence, libre-échange, destruction des syndicats, réduction de la protection sociale et de la taille de l’Etat ; le capitalisme néo-libéral contemporain (le « Trumpisme » aux Etats-Unis) est très différent du capitalisme néo-libéral « dur » : il pratique en effet le protectionnisme, il accepte les monopoles, il utilise une très forte intervention de l’Etat, des politiques macroéconomiques constamment stimulantes. Dans ce capitalisme contemporain, le néo-libéralisme ne concerne plus en réalité que le fonctionnement du marché du travail et, à un moindre degré, de la protection sociale. On ne peut donc pas parler du capitalisme néo-libéral, mais des capitalismes néo-libéraux.
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