Il n’y a plus de théorie derrière les choix de politique monétaire
Les choix de politique monétaire faits par les Banques Centrales ne peuvent plus être guidés par une analyse théorique, puisque toutes les théories usuellement utilisées sont aujourd ’ hui rejetées. Ainsi : il n’y a plus de corrélation entre situation cyclique de l’économie (taux de chômage, output gap) et inflation, ce qui implique que les Banques Centrales n’ont plus de base pour mener une politique contracyclique ; il n’y a plus de lien entre la croissance de l’offre de monnaie et l’inflation à long terme, ce qui implique que les Banques Centrales n’ont plus de raison théorique pour arrêter l’expansion de leurs bilans, et ce qui rend impossible le respect d’un objectif d’inflation à long terme ; il n’y a pas de lien entre les anticipations d’inflation à long terme et l’inflation effective à long terme, ce qui implique qu’il n’y a pas de sens pour une Banque Centrale à essayer « d’ancrer » les anticipations d’inflation à long terme, et ce qui annihile la théorie de la crédibilité ; le concept de taux d’intérêt réel neutre n’existe pas dans une économie ouverte avec libre circulation internationale des capitaux , où l’équilibre entre épargne et investissement se fait par l’endettement extérieur et pas par l’ajustement des taux d’intérêt réels. La théorie ne peut donc pas guider les choix de politique monétaire, aussi bien dans une perspective de court terme (réaction au cycle économique, moment où il faut arrêter l’expansion du bilan de la Banque Centrale, les achats de titres) que dans une perspective de long terme (ancrage des anticipations d’inflation, retour du taux d’intérêt directeur vers le taux d’intérêt neutre). Les choix de politique monétaire sont donc simplement empiriques, pragmatiques : la Banque Centrale fait varier sa politique monétaire, prend le temps de regarder l’effet sur l’économie, et en fonction de cet effet poursuit ou arrête le mouvement engagé.