La baisse du taux d’intérêt réel peut-elle être attribuée à la baisse du taux d’intérêt réel neutre ?
On attribue souvent la baisse du taux d ’ intérêt réel dans les pays de l ’ OCDE à la baisse du taux d ’ intérêt réel neutre. Le taux d ’ intérêt réel neutre e s t celui qui égalise l ’ épargne et l ’ investissement à long terme, lorsque le taux d ’ inflation est stable et égal à la fois à l’inflation anticipée et à l ’ objectif d ’ inflation de la Banque Centrale . Il dirige normalement le taux d ’ intérêt fixé par la Banque Centrale . Mais cette référence au taux d ’ intérêt réel neutre n ’ est pas correct e pour deux raisons : même à long terme, le taux d ’ intérêt réel dép end encore fortement des choix discrétionnaires de politique monétaire (il n ’ y a pas neutralité monétaire), et dépend faiblement de l ’ écart, ex ante, entre l ’ épargne et l ’ investissement. Il peut y avoir une circularité : la politique monétaire expansionniste fait baisser le taux d ’ intérêt réel, ce qui est attribué à la baisse du taux d ’ intérêt réel neutre, et empêche de sortir de la politique monétaire expansionniste ; dans une économie ouverte avec forte mobilité internationale des capitaux, un écart ex ante entre épargne et investissement se réso rbe par une variation de la balance courante (par des pr êts au Reste du Monde ou des emprunts auprès du Reste du Monde), pas par une variation des taux d ’ intérêt réel s . Le concept de taux d ’ intérêt réel neutre n ’ est donc pas utilisable. D’ ailleurs , le taux d ’ intérêt réel a baissé aussi bien aux États-Unis, où il y a insuffisance d ’é pargne, que dans la zone euro, où il y a excès d ’ épargne .