La dépréciation du taux de change est-elle inflationniste ?
Savoir si une dépréciation du taux de change est ou n’est pas inflationniste est important pour prévoir l’évolution des politiques monétaires. Les Banques Centrales réagissent -elles si le taux de change du pays se déprécie ? La littérature économique 1 rappelle que l’effet du taux de change sur l’inflation (l’Exchange Rate Pass-Through, ERPT) est faible : si la Banque Centrale pratique un contrôle strict de l’inflation (mais cela implique que, avant la réaction de la politique monétaire, la dépréciation était inflationniste) ; dans une situation de forte concurrence sur le marché intérieur du pays : si la concurrence est forte, les entreprises étrangères qui exportent vers le pays ne peuvent pas augmenter leurs prix si le taux de change du pays se déprécie et doivent comprimer leurs marges bénéficiaires ; en présence d’une faible différenciation des importat ions du pays : si les produits importés sont différents des produits fabriqués domestiquement, la dépréciation du change conduit à la hausse des prix des produits importés. Nous regardons empiriquement l’effet de la dépréciation du taux de change sur l’inflation aux États-Unis, dans la zone euro, au Japon. Nous voyons au total : u n effet assez important des variations du taux de change sur l’inflation sous-jacente aux États-Unis ; u n effet plus faible même nul des variations du taux de change sur l’inflation sous-jacente dans la zone euro et au Japon, en raison d’un effet plus faible des prix des importations sur l’inflation sous-jacente . Cela impliquerait qu’il y a aux États-Unis plus faible concurrence sur le marché des biens et plus forte différenciation des importations. Cela est cohérent avec le fait qu’on observe, aux États-Unis, mais pas dans la zone euro ou au Japon, un effet du taux de change sur la politique monétaire. 1 v oir par exemple M. BUSSI È RE, S. DELLE CHIAIE , A.T. PELTONEN (2014) , « Exchange Rate Pass-Through in the Global Economy : The Role of Emerging Market Economies », IMF Economic Review.