À la fin, l’Allemagne choisit toujours le pragmatisme par rapport à ses a priori idéologiques
Pour connaître les a priori idéologiques de l’Allemagne, il suffit de lire les traités européens initiaux : il existe des règles budgétaires strictes que doivent respecter les pays membres de la zone euro (sur le déficit public, le déficit public structurel, l’endettement public) ; il y a « no bail-out » : le retour à la solvabilité budgétaire d’un pays de la zone euro ne peut pas être assuré par l’aide des autres pays ou de l’Europe ; il est impossible de monétiser les dettes publiques, de financer les déficits publics par la création monétaire ; l’Europe n’est pas une « Union de transferts » faisant apparaître des transferts publics en faveur des pays en difficulté. Or, toutes ces règles ont cessé d’être appliquées, avec l’assentiment de l’Allemagne, lorsqu’il a été nécessaire de passer outre compte tenu de la situation économique et financière : les récessions et les crises ont poussé à abandonner les règles budgétaires ; il y a eu sauvetage des États, en particulier par la création de l’EFSF-ESM ; depuis 2015, la BCE de fait monétise les dettes publiques, puisqu’elle achète les dettes publiques émises contre création monétaire ; le plan de relance européen et le programme SURE font bien apparaître une « Union de transferts » puisque les dépenses sont concentrées dans les pays les plus en difficulté après la crise de la Covid. Le pragmatisme finit toujours par l’emporter sur les règles, même en Allemagne. Ceci implique que dans le futur, il faut attendre de nouvelles avancées pragmatiques, par exemple : des émissions de dette de l’Union Européenne (les Eurobonds) pour financer en commun un spectre de plus en plus large de dépenses publiques ; l’acceptation par la BCE d’une inflation supérieure à 2 % s’il est nécessaire de continuer à aider les États à financer des déficits publics importants.