Report
Patrick Artus

L’apparition d’une monnaie privée (libra par exemple) est inacceptable pour les Banques Centrales

Pour comprendre le rejet de la libra de Facebook par les Banques Centrales, au moins dans sa version initiale, il est utile de faire le parallèle avec les relations entre deux monnaies publiques, par exemple le dollar et l’euro. Il y a libre circulation des capitaux entre les Etats-Unis et la zone euro. Supposons alors que les résidents de la zone euro décident de basculer une partie de leur épargne en dollars. Il y a alors deux possibilités : soit les Etats-Unis et la zone euro souhaitent maintenir une parité fixe entre le dollar et l’euro ; il faut alors que la Réserve Fédérale (ou plutôt le Trésor des Etats-Unis) achète des euros et vende des dollars, que la BCE vende des dollars et achète des euros ; la masse monétaire en dollars augmente et la masse monétaire en euros diminue. On sait que les interventions de change stérilisées (qui n’affectent pas l’offre de monnaie) sont inefficaces ; soit les Etats-Unis et la zone euro sont en situation de changes flexibles et l’euro se déprécie par rapport au dollar. Regardons maintenant la relation libra -euro. La libra est une monnaie privée puisqu’elle pourrait servir de moyen de paiement et de support de l’épargne. Si les résidents de la zone euro décident de basculer une partie de leur épargne (et de leurs transactions) de l’euro vers la libra , il y a les deux mêmes possibilités qu’entre le dollar et l’euro : soit Facebook (appelons cet te entité Facebook par simplicité) décide de maintenir une parité fixe entre la libra et l’euro ; il faut alors que Facebook achète des euros et vende des libras , donc accumule des réserves d’euros ; il y aurait alors hausse de la masse monétaire en libras et baisse de la masse monétaire en euros (détenue par les agents économiques autres que Facebook) ; soit Facebook n’intervient pas, et le prix de la libr a en euros augmente (le taux de change de l’euro se déprécie par rapport à la libra ). On voit que la BCE ne peut pas accepter ce choix : soit elle perd le contrôle de la masse monétaire en euros ; soit l’euro se déprécie fortement (par rapport à la libra mais aussi par rapport aux autres monnaies s’il y a vente d’euros).
Provider
Natixis
Natixis

Based across the world’s leading financial centers, Natixis CIB Research offers an integrated view of the markets. The team provides support to inform Natixis clients’ investment and hedging decisions across all asset classes.

 

Analysts
Patrick Artus

Other Reports from Natixis

ResearchPool Subscriptions

Get the most out of your insights

Get in touch