L’arrêt de la Cour de Karlsruhe révèle l’ambiguïté du comportement de la BCE
La Cour Constitutionnelle allemande a demandé le 5 m a i 2020 à la BCE de justifier la conformité de ses actions à son mandat, qui est la stabilité des prix. Les juges de Karlsruhe veulent que la BCE démontre qu’elle n’a pas dérogé à son mandat et aux traités européens en mettant en place depuis 2015 des programmes massifs d’achat de dette publique, que ces programmes visaient bien à remplir le mandat de la BCE (inflation voisine de 2%) et non à financer directement les Etats de la zone euro. Mais l’arrêt de la cour de Karlsruhe souligne l’ambiguïté, sinon l’hypocrisie, du comportement de la BCE. En réalité, elle monétise les dettes publiques pour assurer la solvabilité des Etats ; qu’elle achète des dettes publiques sur le marché secondaire et pas sur le marché primaire ne change rien au fait qu’il s’agit de monétisation. La création monétaire sert bien à faciliter le financement des Etats, à éviter d es crises de la dette, pas à ramener l’inflation à 2%. Tant que l’inflation reste faible, cependant, la BCE pourra continuer à prétendre que son objectif est bien de la ramener à 2%. Mais il faut réfléchir aux risques inflationnistes liés à la crise du coronavirus.