Le Japon après les années 1990 nous montre-t-il ce qui va maintenant se passer aux Etats-Unis et dans la zone euro ?
Après la grande crise financière et bancaire au Japon dans les années 1990, l’économie du Japon a été caractérisée : par une déformation forte du partage des revenus au détriment des salariés et une hausse considérable des profits des entreprises ; par le désendettement des ménages et des entreprises ; par un déficit public permanent qui compense en conséquence la faiblesse de la demande des ménages , par une hausse considérable du taux d’endettement public ; par une politique monétaire de plus en plus expansionniste pour rendre possible un taux d’endettement public très élevé, jusqu’au point où la Banque Centrale passe à un objectif de taux d’intérêt à long terme de 0% ; par un poids de la crise élevé supporté par les ménages et par l’Etat. On connait les problèmes de cette évolution de l’économie japonaise : le remplacement de la demande des ménages par la dépense publique est inefficace ; l’épargne (l’excès d’épargne des entreprises) est mal utilisée (elle finance les déficits publics) et son rendement est nul ; la politique monétaire est condamnée à rester irréversiblement expansionniste. Verra-t-on la même évolution aux Etats-Unis et dans la zone euro après la crise du Covid ? Une différence majeure avec le Japon pourrait être le partage des revenus : les opinions ne sont sans doute pas prêtes à accepter une déformation encore plus forte du partage des revenus au détriment des salariés. Au Japon, après la crise, le poids de la crise a été supporté par les ménages et l’Etat, pas par les entreprises ; en sera-t-il de même aux Etats-Unis et dans la zone euro ce qui supposerait effectivement un partage des revenus encore plus défavorable aux salariés après la crise ?