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Patrick Artus

Le procès du libéralisme

On peut appeler libéralisme ou « néo-libéralisme » l’organisation économique qui s’est mise en place progressivement à la fin des années 1970 dans les pays de l’OCDE : entreprises maximisant les profits pour l’actionnaire ; dérèglementation des marchés du travail, réduction du rôle des syndicats : diminution de la pression fiscale ; libre circulation internationale des biens et services et du capital ; concurrence forte sur les marchés des biens et services, rejet des positions dominantes . Il faut reconnaître que, au départ, il existait des arguments solides en faveur de ces choix « néo-libéraux » : la maximisation des profits par l’actionnaire pousse les entreprises à être plus efficaces ; de plus ce n’est pas aux entreprises mais à l’Etat de mettre en place de la redistribution ; le monopole syndical créait une organisation sclérosée de l’économie, empêchant les processus « schumpétériens » de remplacement d’une entreprise par une autre ; une pression fiscale élevée et des entreprises en position dominante peuvent décourager l’innovation ; la libre circulation internationale des capitaux et des biens et services permet d’allouer l’épargne mondiale là où elle est le plus efficacement utilisée et d’exploiter les avantages comparatifs des différents pays, de réduire les inégalités entre pays riches et pays pauvres Il faut d’abord reconnaître que, surtout aux Etats-Unis, on est aujourd’hui loin d’une concurrence parfaite avec la concentration des entreprises et la reconstitution de positions dominantes sur les marchés des biens et services. Mais surtout les politiques économiques néo-libérales conduisent aujourd’hui à des évolutions négatives dans les pays de l’OCDE qui sont fortement critiquées : la déformation du partage des revenus au détriment des salariés avec le recul du pouvoir de négociation des salariés, d’où la hausse des inégalités, d’où des profits inutiles, supérieurs à ceux qui sont nécessaires pour financer l’investissement, une rentabilité du capital anormalement élevée ; l’utilisation d’énergies fossiles peu chères, sans que les Etats fassent l’effort de décourager cette utilisation, d’où la hausse considérable des émissions de CO 2  ; la concurrence fiscale entre les pays qui tire vers le bas les ressources des Etats ; la destruction d’emplois intermédiaires, essentiellement d’emplois industriels, avec le transfert des industries milieu de gamme et bas de gamme vers les pays émergents, d’où la bipolarisation des marchés du travail, la réduction de mobilité sociale ; la variabilité excessive des flux de capitaux internationaux, conduisant à la variabilité excessive des taux de change, en particulier des pays émergents, et à la déstabilisation des économies. Les Etats de l’OCDE doivent donc aujourd’hui corriger ces désordres cré é s par le néo-libéralisme : incitations fiscales pour que les gains de productivité soient distribués aux salariés ; prix commun du CO 2  ; coordination fiscale ; protection des industries stratégiques et politique industrielle stratégique ; contrôles des capitaux décourageant les capitaux spéculatifs. Il faut surtout définir un « capitalisme non libéral »
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Patrick Artus

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