Le risque économique doit-il être porté par l’État ?
Nous allons illustrer cette question générale par le cas de la France. La tendance actuelle est bien de faire porter de plus en plus les risques économiques par l’ État . L’ État : garantit l’épargne réglementée ; garantit des prêts aux entreprises et des émissions obligataires du secteur public ; garantit bien sûr les banques publiques ; est sollicité pour couvrir les grands risques (climatique s , naturels , de cybersécurité…) et les risques à l’exportation ; prend à sa charge une partie du risque d’innovation. Certains économistes suggèrent d’ailleurs que l’ État aille plus loin dans la garantie des risques économiques (et de financement de l’économie), l’argument étant qu’il faut financer des investissements risqués alors que les ménages veulent une épargne sans risque, et que le vieillissement démographique va accroître ce rejet de la prise de risque ; aussi que le risque porté par les intermédiaires financiers est trop important. Mais il n’est pas optimal du tout de faire porter de plus en plus les risques par l’ État , et il ne faut pas se résigner à ce que les ménages ne portent pas de risque. En effet : cela fait apparaître un aléa de moralité (les épargnants vont acheter trop d’actifs risqués s’ils sont garantis par l’État, vont financer des projets trop risqués sans les analyser) ; sauf si la garantie de l’État est tarifée correctement, ce qui n’est pas toujours le cas ; si l’État fait des pertes importantes, il devra les refinancer en accroissant les impôts, et en réalité il ne porte pas vraiment le risque, il le rend aux ménages.