Le taux de change de l’euro va-t-il s’effondrer ?
Déjà la crise de la Covid avait fait apparaître une forte asymétrie de comportement entre la Réserve Fédérale et la BCE : il y avait eu un recul de l’offre de travail aux États-Unis et pas dans la zone euro, conduisant à des hausses de salaire et à une inflation sous-jacente plus forte nettement aux États-Unis, d’où déjà la perspective d’une politique monétaire plus restrictive aux États-Unis que dans la zone euro. La guerre en Ukraine renforce cette asymétrie entre la Réserve Fédérale et la BCE, puisque la zone euro dépend beaucoup plus de la Russie pour ses approvisionnements (énergie, métaux, produits agricoles) que les États-Unis, que la perte de croissance va être beaucoup plus forte dans la zone euro. Il faut donc s’attendre à une divergence nette des politiques monétaires entre les États-Unis (hausse des taux d’intérêt, passage à une politique de réduction du bilan de la Banque Centrale) et la zone euro (quoi que dise encore la BCE, absence de durcissement net de la politique monétaire). Les marchés financiers n’anticipent pas encore la totalité de cette divergence, et donc l’euro va encore se déprécier par rapport au dollar. Si le conflit ne s’étend pas à l’Europe, il ne faut cependant pas attendre un effondrement de l’euro, avec l’excès d’épargne de la zone euro et la demande internationale solide pour les actifs en euros (sauf très transitoirement au déclenchement de la guerre en Ukraine), avec le renforcement structurel de l’Europe.