Le taux d’intérêt réel neutre existe-t-il vraiment ?
Quand on s ’ interroge sur le « taux d ’ intérêt terminal » des Banques Centrales (le niveau auquel le taux d ’ intérêt de la Banque Centrale se stabilise à long terme) , on pense le plus souvent que c ’ est la somme du taux d ’ intérêt réel neutre et de l ’ inflation objectif de la Banque Centrale. Le taux d ’ intérêt réel neutre est celui qui équilibre l ’ offre et la demande de biens et services (l ’ épargne et l ’ investissement) et il dépend donc des caractéristiques structurelles de l ’ offre et de la demande. Le taux d ’ intérêt terminal serait donc déterminé par les caractéristiques structurelles de l ’ économie et par l ’ objectif d ’ inflation. Mais que se passe-t-il dans cette théorie si la Banque Centrale maintient un taux d ’ intérêt réel inférieur (par exemple) au taux d ’ intérêt réel neutre ? Dans la théorie traditionnelle, c ’ est impossible puisqu ’ il y aurait alors en permanence excès de la demande de biens et services. Mais dans la réalité, c ’ est probablement possible : en économie ouverte avec parfaite mobilité des capitaux, s ’ il y a excès de demande (insuffisance d ’ épargne) parce que la Banque Centrale fixe un taux d ’ intérêt réel inférieur au taux d’intérêt réel neutre , il sera compensé par un déficit extérieur (par l ’ endettement extérieur) ; même en économie fermée, on peut supposer qu ’ un excès de demande sur l ’ offre de biens et services conduira à une hausse de l ’ offre de biens et services (hausse du taux d ’ emploi, de l ’ investissement) qui finalement rééquilibre l ’ offre et la demande. On voit alors dans ce cas que le taux d ’ intérêt réel de long terme (neutre) est déterminé par la politique monétaire, pas par les caractéristiques structurelles de l ’ économie qui évoluent avec les choix de politique monétaire.