Le transfert de revenu organisé dans la zone euro par les taux d’intérêt très bas est-il efficace ?
Les taux d’intérêt très bas dans la zone euro organisent évidemment un transfert de revenu des prêteurs (ménages prêteurs, banques) vers les emprunteurs (ménages emprunteurs, entreprises, Etats). On pense en général que ce transfert est efficace, puisque la propension à dépenser des emprunteurs est plus élevée que celle des prêteurs, et qu’il y a donc stimulation de la demande intérieure. Mais en réalité, on peut avoir de vrais doutes sur l’efficacité de ce transfert : les banques sont affaiblies, ce qui peut réduire l’offre de crédit ; le supplément de pouvoir d’achat des ménages emprunteurs a surtout comme effet de faire monter les prix de l’immobilier : le volume de la construction de logements ne progresse pas, le taux d’épargne des ménages remonte ; la hausse des profits des e ntreprises est peu utile dans une situation où elles autofinancent leurs investissements et où elles utilisent leurs ressources pour accumuler des réserves de cash ; l’amélioration de la situation budgétaire des Etats a servi à accroître les déficits publics courants mais pas les investissements publics.