Les Banques Centrales peuvent-elles sortir de la dominance fiscale ?
On sait ce qu’est la dominance fiscale : une situation où la politique monétaire doit être utilisée pour assurer la soutenabilité de la dette publique, que la politique budgétaire n’assure plus. Les pays de l’OCDE ont clairement été, depuis la crise des subprimes en 2008-2009, bien avant au Japon, en situation de dominance fiscale. L’apparition de l’inflation va-t-elle faire sortir les Banques Centrales de la dominance fiscale ? On sait que les besoins de dépenses publiques supplémentaires (santé, éducation, recherche, lutte contre la pauvreté, industrie, transition énergétique…) sont élevés, et que spontanément les déficits publics vont rester importants. Nous nous demandons alors à quel niveau de taux d’intérêt à long terme les États seraient contraints de passer à une politique budgétaire plus restrictive, de ne pas mettre en place les dépenses publiques nécessaires (il y aurait alors sortie de la dominance fiscale). La situation est bien sûr différente selon que les taux d’intérêt à long terme restent inférieurs à la croissance de long terme (il y a alors un déficit budgétaire primaire maximum) ou qu’ils redeviennent supérieurs à la croissance de long terme (il faut alors un excédent budgétaire primaire). Nous voyons que la marge de hausse des taux d’intérêt à long terme qui préserve la dominance fiscale est extrêmement faible sinon nulle. Si les taux d’intérêt à long terme ne peuvent pas monter sans que les Banques Centrales sortent de la dominance fiscale , alors la pression pour réduire les déficits publics va être très forte.