Les conséquences considérables du choix d’affaiblir le pouvoir de négociation des salariés dans les pays de l’OCDE
A partir de la fin des années 1990, les pays de l’OCDE ont choisi de mener une politique de flexibilisation, de dérèglementation des marchés du travail qui a conduit à la réduction du pouvoir de négociation des salariés et à la déformation du partage des revenus au détriment des salariés. Ce choix a eu des conséquences considérables sur les économies des pays de l’OCDE : en conduisant à la faiblesse des hausses de salaires, il a conduit à la faiblesse de l’inflation, donc au maintien de politiques monétaires expansionnistes avec des taux d’intérêt bas ; les taux d’intérêt restant très bas et la liquidité étant très abondante, il y a risque d’instabilité financière (excès d’endettement, bulles sur les prix des actifs, flux de capitaux de grande taille et instables), ce qui conduit à la nécessité de politiques macroprudentielles (ratios des banques, contrôles des capitaux) actives ; les taux d’intérêt restant bas, il est possible de mener des politiques budgétaires très expansionnistes qui conduisent à la hausse des taux d’endettement public et qui compensent la faiblesse de la progression des salaires réels ; la dette élevée n’est en effet pas un problème avec des taux d’intérêt réels très faibles ; la faiblesse des coûts salariaux a permis aux autorités de la concurrence de laisser réapparaître la concentration des entreprises, des positions dominantes, qui ne conduisent pas à la hausse des prix malgré l’ouverture des marges bénéficiaires grâce à la faiblesse des salaires. La concentration des entreprises est favorisée par les taux d’intérêt faibles qui rendent plus faciles les acquisitions et conduisent à une valorisation plus forte des entreprises dominantes ; la faiblesse des taux d’intérêt affaiblit les banques et conduit à la désintermédiation du financement des entreprises. Le recul du pouvoir de négociation des salariés conduit donc à beaucoup d’évolutions dangereuses : hausse de l’endettement public, taux d’intérêt anormalement bas mais risque de crise de la dette si les taux d’intérêt réels remontent, excès de liquidité, nécessité de recourir aux politiques macroprudentielles pour éviter l’instabilité financière alors qu’en réalité ces politiques sont peu utilisées, concentration accrue des entreprises et rentes de monopole, affaiblissement des banques. Il aurait peut - être mieux valu ne pas réduire le pouvoir de négociation des salariés.