Les grands espoirs des années 1990-2000, la déception présente
Durant les années 1990-2000, de grands espoirs étaient nés, et il s sont aujourd’hui déçus : les Nouvelles Technologies, le numérique, l’Intelligence Artificielle allaient conduire à une accélération des gains de productivité, qui allait permettre de compenser le vieillissement démographique, de réduire le temps de travail, de faire disparaître les emplois pénibles. En réalité, malgré le numérique et les robots, les gains de productivité ont continué à diminuer, et le progrès technique a conduit à la « bipolarisation des marchés du travail » : la concentration des emplois aux deux extrêmes, avec surtout une baisse de la qualité et de la rémunération des emplois ; on a vu aussi la concentration des entreprises, l’apparition de positions dominantes, ce qui explique une partie du freinage de la productivité ; l’« économie libérale » (globalisation de la production des biens, libre circulation des capitaux, dérèglementation des marchés du travail) devait amener la croissance, l’allocation efficace du capital, le plein emploi. Les désordres apportés par ce choix apparaissent clairement aujourd’hui : destruction d’emplois industriels et inégalités dans les pays de l’OCDE ; déstabilisation des pays émergents par la volatilité des flux de capitaux ; déformation du partage des revenus et des risques au détriment des salariés. Le message d’espoir est qu’on peut corriger aujourd’hui certaines de ces conséquences défavorables, avec de nouvelles politiques qui font l’objet d’un consensus croissant : on peut rétablir l’« anti-trust » pour faire disparaître les positions dominantes et une des causes du freinage de la productivité ; on peut corriger certains excès de la globalisation, par exemple en taxant les importations depuis les pays où la protection sociale est très faible, ou des efforts de réduction des émissions de CO 2 ne sont pas réalisés ; en réhabilitant une politique industrielle visant à créer de grandes entreprises dans les industries d’avenir ; en revenant à des chaînes de valeur globales à des chaînes de valeur régionales ; on peut limiter les flux spéculatifs de capitaux, ce qui n’est plus un tabou même dans les institutions internationales ; on peut rééquilibrer le partage des revenus : hausse du salaire minimum, redressement de la capacité de négociation des salariés.