Les linkers ont souffert en 2018. 2019 ne devrait guère leur être plus favorable
                                                            Le point mort d’inflation du  bund€i  10 ans  est environ 35pb plus bas qu’il y a un an. Il s’affiche à 0.95 %. Il est donc repassé sous 1 %, pénalisé par la baisse du prix du pétrole – le prix du baril de  brent  était tombé à USD 50 fin décembre – et  la  forte baisse des rendements nominaux. Celui du  bund€i  10 ans est revenu à 0.20 %, il est lui aussi plus bas qu’il y a un an, ce que peu d’analystes avaient prévu  ( cf  graphique du mois) . L’histoire du B/E du TIPS 10 ans  est très  proche : forte baisse depuis mi-octobre (de 40pb environ, à 1.70 %), imputable aux mêmes facteurs (pétrole et taux nominaux). Le B/E du  gilt  indexé 10 ans est le seul à avoir progressé, en tendance, sur la fin de l’année.  Il s’affiche actuellement à 3.24 %, soit à peu près au niveau de l’inflation mesurée par le RPI (3.20 %). Les B/E du  bund€i  et du TIPS 10 ans sont nettement inférieurs aux inflations européenne et américaine. Le  Brexit  est la principale explication de la bonne performance relative des  linkers  britanniques : s’il y a un accord de sortie du Royaume Uni de l’UE,  les B/E profiteront de la hausse des rendements nominaux. S’il n’y a pas d’accord et que l’on s’oriente vers un « hard  Brexit  », les B/E profiteront de la hausse de l’inflation imputable principalement à la baisse du sterling. Contre euro, ce dernier a fini l’année 2018 quasiment au plus bas. La question rituelle de début d’année est de savoir si cette fois, l’avenir des  linkers  se présente sous de meilleurs auspices. On peut en douter, et ce pour différentes raisons : 1/ la croissance, aux Etats-Unis, en Europe et dans d’aut res grands pays tend à ralentir ;   2/ l a Fed a, selon les marchés, quasiment fini d’ augmenter ses taux ; 3/ l a BCE n’a toujours pas augmenté les siens, et elle ne devrait pas le faire avant au plus tôt fin  2019 ; 4/ l e  Brexit  constitue potentiellement  un risque important pour la croissance européenne  ; 5/ la guerre commerciale pourrait aussi  peser sur la croissance globale ; 6/ et bien sûr, les facteurs structurels comme le ralentissement des gains de productivité, ou la perte du pouvoir de négociation des syndicats  continuent de brider la hausse des salaires et des prix . La guerre commerciale, si elle prenait des proportions importantes, pourrait également stimuler l’inflation, conduire à une situation  stagflationniste . Mais à ce stade, ce risque paraît faible.  Localement, certaines mesures, comme la hausse du SMIC en Espagne ou en France, stimuleront un peu l’inflation. Mais là non plus, il ne faut pas s’attendre à des impacts importants. Au total, il semble donc que les B/E des  linkers  soient condamnés à rester plutôt faibles en 2019. Leur seul véritable soutien serait un rebond marqué du prix du pétrole.