L’exception française

Cela fait longtemps qu’une élection présidentielle française avait suscité aus si peu d ’ intérêt à l’international et sans doute aussi même en France . L’une des raisons (évidentes) du faible intérêt pour les élections est la guerre en Ukraine et la réorientation géopolitique qui absorbent l’essentiel de l’attention dans le reste de l’Europe et du monde . Par ailleurs, jusqu’à récemment, les sondages indiquaient que le président Macron avait toutes les chances de remporter un nouveau mandat à l’Élysée, avec un maintien du statu quo politique . Enfin ce manque d’ intérêt peut aussi s’expliquer par le fait que l’économie française s’est relativement bien tenue pendant la pandémie . Plus particulièrement, l e marché du travail , habituellement le point faible de l’économie française , évolue assez favorablement depuis quelques années . Ainsi, de manière relative , il semble y avoir peu de raisons de s ’ inquiéter pour l ’ économie française. Mais cela ne veut pas dire que tout va bien et qu ’ il n ’ y a pas d ’ enjeux macroéconomiques sous-jacents à long terme qui restent déterminants pour apprécier les perspectives à moyen terme de l ’ économie française. L ’ un de ces problèmes concerne les performance s à l ’ exportation du secteur manufacturier français , qui reste nt médiocres, ainsi que le déficit persistant de la balance courante. Ensuite , la situation budgétaire, bien que nettement moins compliquée que dans certains autres pays de la zone euro, s ’ est encore détériorée et, avec le déficit persistant de la balance courante, a entraîné une détérioration constante de la position extérieure de la France . Tout cela n’a pas nécessairement débouché sur une dynamique explosive . Mais cette situation impliquera, si ne change pas , un transfert régulier de revenus vers l’étranger et une marge de manœuvre financière de plus en plus réduite pour les secteurs public et privé . Enfin, il y a la fracture entre les zones urbaine s et rurale s , en termes économiques et politiques. Les pertes d ’ emplois disproportionnées dans les zones situées en dehors des grands centres urbains , conséquence de la diminution de la base manufacturière ont, au moins partiellement, alimenté le populisme et contribué à la polarisation politique depuis longtemps. Certains de ces problèmes structurels sous-jacents pourraient néanmoins s’atténuer . D ’ une part, la démondialisation progressive observée dans de nombreux domaines sera moins difficile pour l ’ économie française que pour la plupart de ses pairs européens. C ’ est également vrai en ce qui concerne l’ indépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. En outre, la baisse constante du chômage , que nous considérons comme un véritable signe d ’ un marché du travail plus flexible , devrait, au moins à la marge, jouer contre davantage de polarisation politique. En somme, le prochain président aura encore bien des défis structurels à affronter . Mais ces défis ne semblent en aucun cas plus importants que ceux auxquels sont confrontés le chancelier allemand ou le s premier s ministre s italien et espagnol.