L’inflation présente : choc d’offre ou choc de demande ?
L’origine de l’inflation présente (choc de demande positif ou choc d’offre négatif) est très importante : si l’inflation vient d’un choc de demande positif (on attribue parfois l’inflation au x déficit s public s excessif s de 2020 et 2021 ou à la force de la reprise économique après la Covid), il est légitime de passer à une politique monétaire plus restrictive pour freiner la demande et lutter contre l’inflation ; si l’inflation vient d’un choc d’offre négatif (insuffisance de l’offre de travail, de matières premières, de transport…), il est totalement contreproductif de passer à une politique monétaire restrictive : elle ne corrige pas l’insuffisance de l’offre, elle peut même l’aggraver en en décourageant l’investissement. On ne voit pas d’évolution qui aille dans le sens de la thèse du choc de demande positif : les déficits publics très importants ont conduit à une épargne forcée, mais cette épargne forcée n’a pas été consommée : les déficits publics n’ont donc pas alimenté la demande ; le PIB du Monde est aujourd’hui à peine supérieur à celui de la fin de 2019, celui de l’OCDE est encore inférieur. Il y a bien eu par contre une insuffisance de la production de matières premières, de semi-conducteurs, de la capacité de transport, face à la déformation de la demande des services vers les biens (il s’agit d’un changement dans la composition de la demande, pas d’un excès de demande), et il y a bien eu aux États-Unis recul de l’offre de travail. Si la bonne thèse est alors celle du choc d’offre négatif, il ne faut pas répondre à l’inflation par des politiques monétaires restrictives.