Maintien de la solvabilité budgétaire par les Banques Centrales
Les Banques Centrales des pays de l’OCDE ont choisi d’ajouter à leurs objectifs habituels (stabilité des prix, plein emploi) le maintien de la solvabilité budgétaire des Etats. Ce troisième objectif peut-il rentrer en conflit avec les deux premiers objectifs ? s’il y a une poussée d’inflation, la réaction de la Banque Centrale doit impliquer une hausse des taux d’intérêt nominaux inférieure à celle de l’inflation, pour ne pas accroître les taux d’intérêt réels, ce qui dégraderait la solvabilité des Etats ; il ne peut donc plus y avoir de hausse des taux d’intérêt réels en réponse à l’inflation, ce qui est une limitation importante ; s’il y a baisse de l’inflation, la Banque Centrale doit éviter la hausse des taux d’intérêt réels, doit réagir fortement ; s’il y a hausse du chômage, la situation des finances publiques se dégrade et une réaction forte de la Banque Centrale est donc bienvenue ; mais s’il y a baisse du chômage, la Banque Centrale ne peut pas réagir en augmentant les taux d’intérêt réels. On voit donc apparaître un « conflit d’objectifs » asymétrique : l’introduction d’un objectif de solvabilité budgétaire compromet la réaction de la Banque Centrale aux hausses de l’inflation et aux accélérations de la croissance, mais pas du tout celle de la Banque Centrale à la désinflation ou aux récessions qui doit être forte. Cette asymétrie de la réaction des Banques Centrales, est bien ce qu’on observe.