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Dirk Schumacher

Monetisation de la dette : où se trouve la ligne de faille?

Partout dans le monde, les banques centrales augmentent fortement leur bilan. En achetant la dette souveraine, les banques centrales apportent un soutien financier à des gouvernements qui augmentent eux-mêmes massivement leurs dépenses. Les chiffres de la dette ne cessant de progresser, cet enchaînement ne saurait se prolonger indéfiniment et il convient de se demander où se situerait l ’ éventuelle ligne de f aille dans cette monétisation. Pour dire les choses plus clairement : au bout du compte, qui va payer pour toutes ces mesures ? La bonne nouvelle – au moins concernant la capacité des gouvernements à lutter contre la crise – est qu e l ’ ampleur du soutien que les banques centrales peuvent apporter aux gouvernements n ’ est pas limité dans l ’ immédiat . Le principal risque à court terme, notamment dans la zone euro, semble se situer au niveau politique. A moyen terme, les choses se compliquent. La première question cruciale est de savoir si les obligations émises par les gouvernements seront remboursées ou si les banques centrales renouvelleront indéfiniment la dette. Le remboursement pouvant s ’ étaler sur un horizon temporel (très) long, et être de fait impossible à distinguer d ’ une monétisation, i l ne s ’ agit pas d ’ un simple dilemme . La « sortie » - remboursement ou monétisation - que choisiront les décideurs politiques dépendra de deux variables : l ’ inflation et la soutenabilité de la dette. Toutes choses étant égales par ailleurs, une monétisation pure et simple conduirait à faire accélér er l ’ inflation plus forte ment que l es remboursements de la dette. En effet, si la monétisation était continuellement à l’origine d’une demande supplémentaire, le simple remboursement n’impliquerait qu ’ un transfert de demande dans le temps et entre les secteurs. Il n ’ est toutefois pas exclu que la monétisation puisse encore être la meilleure stratégie si elle devait éviter que l ’ inflation ne soit inférieur e à la moyenne. Dans le même temps, l ’ accélération de cette dernière pourrait être si marquée qu ’ elle pourrait obliger la BCE à choisir entre son mandat en matière d e stabilité des prix et son rôle de soutien financier aux gouvernements. Cela dit, selon nous, la BCE ne devrait pas avoir à choisir entre ces deux objectifs. En effet, une inflation plus élevée implique généralement une amélioration des perspectives de croissance, qui à son tour renforce la viabilité de la dette. Il s ’ ensuit également qu ’ une poussée d ’ inflation par les coûts – n ’ allant pas de pair avec un raffermissement de la croissance – est le risque le plus important. En l ’ absence d ’ un tel choc, nous estimons que la BCE devrait encore refinancer ses achats de dette publique pendant encore très longtemps.
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Dirk Schumacher

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