Peut-on accepter qu’une Banque Centrale indépendante exerce une influence forte sur la politique budgétaire du pays ? Une application au cas de la zone euro
Depuis la crise, les Banques Centrales des pays de l’OCDE mènent des politiques qui ont une influence forte sur les politiques budgétaires : maintien de taux d’intérêt très bas, achats de dettes publiques. Le problème est que l’indépendance de la Banque Centrale (l’absence de coordination entre la politique budgétaire et la politique monétaire) a été mise en place en supposant que la politique monétaire n’interagissait pas avec la p olitique budgétaire. S’il y a une interaction (une externalité de la politique monétaire sur la politique budgétaire) il faut normalement coordonner la politique budgétaire et la politique monétaire. L’absence de coordination entraîne le plus probablement une « capture » de la politique monétaire par la politique budgétaire, c’est-à -dire une politique budgétaire trop expansionniste forçant la Banque Centrale à mener une politique monétaire expansionniste qui rétablit la solvabilité budgétaire (ce qu’on appelle la « dominance fiscale »). Quand on regarde les évolutions observées depuis la crise dans la zone euro : dans un premier temps (2010-2014), la BCE refuse de courir le risque de rendre possible une politique budgétaire trop expansionniste, et à la fois la politique monétaire et la politique budgétaire sont trop restrictives ; dans un second temps (2015-2019), la BCE accepte la situation de dominance fiscale, et à la fois la politique budgétaire et la politique monétaire sont trop expansionnistes.