Peut-on comprendre le niveau des taux d’intérêt à long terme des pays du cœur de la zone euro ?
Il n’y a pas en réalité la perspective d’une récession dans la zone euro, l’inflation reste supérieure à 1 %, les coûts salariaux unitaires progressent de 2 % par an : il n’y a pas de risque déflationniste dans la zone euro. Pourtant, les taux d’intérêt à long terme des pays du cœur de la zone euro sont extraordinairement bas ; d’où ceci peut-il venir ? de ce que les banques préfèrent investir dans les dettes du cœur que de déposer leur excès de liquidité à - 0,4 % à la BCE ; de ce que les investisseurs institutionnels et les non-résidents, qui craignent une récession même si celle-ci est très improbable, sont vendeurs d’actions, donc nécessairement acheteurs d’obligations ; de ce qu’il y a dans la zone euro un déficit public très faible et un excédent d’épargne ; de ce que la confiance dans les pays périphériques n’est pas suffisamment rétablie pour qu’il y ait réellement arbitrage entre les dettes du cœur et les dettes de la périphérie. Tout ceci implique qu’il y a décorrélation entre l’économie réelle et les taux d’intérêt à long terme du cœur de la zone euro.