Peut-on croire en un recul rapide de l’inflation dans la zone euro ? Le rôle des raretés et du partage du choc inflationniste
Certains économistes, certains investisseurs, pensent aujourd’hui que l’inflation de la zone euro va reculer rapidement, et que cela va éviter à la BCE de monter beaucoup ses taux d’intérêt. Pourtant, il y a beaucoup de raisons structurelles qui vont impliquer une inflation durablement plus forte dans la zone euro : la faiblesse de l’investissement dans les énergies fossiles, qui va faire apparaître une insuffisance chronique de l’offre d’énergies fossiles par rapport à la demande, qui continue à progresser ; les difficultés de recrutement des entreprises, pas li é es dans la zone euro à un recul de l’offre de travail (qu’on observe aux États-Unis), mais au mismatch sectoriel fort entre offre et demande de travail ; les raretés diverses (métaux, composants électroniques, transport, produits agricoles) qui résultent de la déformation de la structure de la demande des services vers les biens, de la transition énergétique, des sanctions sur la Russie ; la hausse des taux d’intérêt, donc du coût du capital, qui pousse les entreprises à accroître leurs prix de vente ; le rééquilibrage du partage du co û t de la hausse des prix des matières premières ; en 2022, ce co û t est porté par les États et par les salariés, pas par les entreprises ; dans le futur, les entreprises devraient porter une part plus grande du co û t, avec des hausses de salaire , et en conséquence de prix , plus rapides.