Peut-on relocaliser l’industrie en France ?
De nombreuses voix s’élèvent pour demander des relocalisations industrielles en France. Ces relocalisations seraient de deux natures : des relocalisations « stratégiques » pilotées par l’Etat ; des relocalisations « économiques » décidées par les entreprises. Les Etats veulent ne pas dépendre d’autres pays, en particulier de pays émergents, pour la production de biens « stratégiques ». Les entreprises veulent réduire la fragilité des chaînes de valeur mondiales. Mais il ne faut pas sous-estimer les difficultés de relocalisations industrielles en France depuis les pays émergents : d’abord, la dégradation du commerce extérieur industriel de la France ne vient pas des échanges avec les pays émergents mais surtout des échanges avec l’Europe ; le poids des importations de la France depuis les pays émergents a beaucoup augmenté, mais le poids des exportations de la France vers les émergents a aussi beaucoup augmenté ; les pertes d’emplois industriels en France viennent surtout des gains de productivité pa s des délocalisations vers les émergents ; ensuite, les coûts de production sont beaucoup plus élevés en France que dans les pays émergents ; la France s’est spécialisée dans le haut de gamme ; il est alors « appauvrissant » de relocaliser des productions plus bas en gamme. L’exemple du médicament et des principes actifs est ici intéressant ; les rendement s d’échelle sont croissants : il faut être gros pour être efficace ; enfin, il faut réfléchir aux limitations des relocalisations dues aux difficultés spécifiques de la France : compétence s , effort de modernisation des entreprises.