Peut-on se passer des banques ?
La désintermédiation du financement des entreprises est forte aux États-Unis et progresse dans la zone euro. Ceci conduit à s’interroger sur le rôle des banques. En théorie, les banques existent pour trois raisons : elles fournissent de la liquidité aux épargnants (les banques ont un passif liquide et un actif illiquide) ; ceci génère structurellement un risque de crise de liquidité des banques, d’où la régulation, l’assurance des dépôts ; les financements sur les marchés financiers ne fournissant pas de liquidité ; elles détiennent une information de qualité sur les emprunteurs, avec la relation de long terme qu’elles ont avec les emprunteurs ; l’information disponible sur les marchés financiers concerne les grandes entreprises, mais pas les petites ou moyennes entreprises ; elles diversifient les risques, ce qui permet aux banques d’avoir un passif sans risque (les dépôts) et un actif risqué (les crédits) ; le financement sur les marchés financiers implique que le risque est porté par les épargnants de base. La diversification des risques macroéconomiques est bien sûr plus difficile que celle des risques microéconomiques, ce qui impose aux banques de disposer d’un coussin de fonds propres et ce qui impose l’assurance des dépôts. On pourra donc se passer des banques et désintermédier complètement le financement de l’économie si : les épargnants de base acceptent une épargne illiquide et risquée ; l’information pour les épargnants devient aussi disponible en ce qui concerne les petites entreprises, par exemple sur des plateformes où ces petites entreprises déposent leurs demandes de crédit.