Peut-on vraiment inverser les rôles de la politique monétaire et de la politique budgétaire dans une « économie de guerre » ?
Dans une « économie de guerre » (comme celle déclenchée par la Covid, la guerre en Ukraine, et, dans le long terme, par la transition énergétique), la politique monétaire est utilisée pour faciliter le financement des dépenses publiques, plus pour lutter contre l’inflation. On peut utiliser alors la politique budgétaire pour lutter contre l’inflation, pas en réduisant les dépenses publiques, puisque l’objectif est de financer à des taux d’intérêt bas des dépenses publiques importantes, mais en augmentant la pression fiscale. Il y a donc inversion des rôles de la politique monétaire et de la politique budgétaire : la politique monétaire permet l e finance ment des dépenses publiques, la politique fiscale stabilise les prix. Cette inversion est-elle possible ? Une hausse des impôts a un effet restrictif sur la demande intérieure au moins aussi puissant qu’une hausse des taux d’intérêt : la politique budgétaire peut bien lutter contre l’inflation ; mais le maintien de taux d’intérêt bas peut conduire à des hausses insupportables des prix des actifs ; et cette politique peut être difficile à mener politiquement, puisque les ménages subiraient à la fois une hausse d’impôts (pour lutter contre l’inflation) et la taxation de leur épargne par les taux d’intérêt bas.