Pour quelles raisons des taux d’intérêt bas conduiraient-ils à une plus forte concentration des entreprises (à des positions de monopole, dominantes) ?
Nous illustrons notre analyse par le cas des Etats-Unis. Il est frappant de voir le parallélisme entre la baisse des taux d’intérêt et la hausse de la concentration des entreprises. Par quels mécanismes des taux d’intérêt anormalement bas conduiraient-ils à une plus forte concentration (à l’apparition de positions dominantes, de monopole) ? On peut penser : qu’il est plus facile , si les taux d’intérêt sont très bas, pour les plus grandes entreprises, s’il y a rendements d’échelle croissants, d’accumuler du capital et d’exploiter les rendements d’échelle croissants ; que le taux d’actualisation des profits futurs étant plus bas, une entreprise plus efficace voit, lorsque les taux d’intérêt baissent , une plus forte hausse de ses bénéficies actualisés qu’une entreprise moins efficace dont les profits futurs sont plus bas, d ’où une plus forte réaction de l’investissement aux taux d’intérêt bas dans l’entreprise plus efficace (1) . La plus forte concentration des entreprises, qui les conduit lorsqu’elles ont acquis un pouvoir de monopole à moins accroître la productivité, expliquerait donc que les taux d’intérêt bas puissent être associés à des gains de productivité faibles. ( 1 ) On peut trouver un développement théorique de cette idée dans : E. LIU, A. MIAN, A. SUF I (2019) “Low Interest Rates, Market Power, and Productivity Growthâ€, NBER Working Paper n°25505, janvier