Pourquoi il est dangereux d’accroître l’endettement public même quand le taux d’intérêt à long terme est inférieur à la croissance
Un argument fréquent 1 est que, lorsque les taux d’intérêt à long terme sont inférieurs au taux de croissance, il est possible d’accroître l’endettement public pour financer des besoins de dépenses publiques (c’est-à-dire de réaliser un transfert intergénérationnel en faveur du présent). Mais en réalité, même dans cette configuration, il peut être dangereux d’accroître l’endettement public. En effet : bien sûr, les taux d’intérêt à long terme peuvent remonter dans le futur (politique monétaire moins expansionniste, baisse de l’épargne, hausse qui peut être autoréalisatrice des primes de risque souverain), alors qu’il faudra renouveler la dette, avant qu’elle soit remboursée ; l’incertitude sur la production future introduit une incertitude sur les déficits publics (les excédents publics primaires) futurs, qui nécessite d’ajouter une prime de risque au taux d’intérêt à long terme ; il faut raisonner en termes d’utilité : si le niveau d’activité est élevé à court terme et plus faible à long terme, l’utilité marginale d’un revenu supplémentaire est plus faible à court terme qu’à long terme, et il ne faut donc pas accroître l’endettement à court terme. Cette configuration est plausible avec le vieillissement démographique. 1 Voir par exemple O. BLANCHARD (2019) , « Public Debt and Low Interest Rates » , American Economic Review, v ol. 109 , n o 4 .