Pourquoi la croissance reste-t-elle forte aux États-Unis malgré la politique monétaire restrictive ?
Le produit int é rieur brut des États-Unis a augmenté en 2023 de 2,5 % en moyenne annuelle, de 3,1 % si on cumule les quatre trimestres de l’année. Cette performance de croissance peut étonner alors que la politique monétaire est restrictive (le taux d’intérêt à court terme est supérieur au taux d’inflation), et que la Réserve fédérale diffère la date de la première baisse des taux d’intérêt. En réalité, la situation économique et la politique monétaire des États-Unis s’expliquent par l’incorporation des loyers imputés aux propriétaires de leurs logements dans le calcul de l’inflation (ou de l’inflation sous-jacente). De ce fait, l’inflation prise en compte par la Réserve fédérale est encore nettement supérieure à 2 %, d’où le maintien d’une politique monétaire restrictive. Mais l’inflation qu’il faut utiliser pour calculer la hausse du pouvoir d’achat des salariés (l’inflation totale hors loyers imputés aux propriétaires de leurs logements) est beaucoup plus faible (1,9 % en janvier 2024 au lieu de 3,1 % pour l’inflation totale), ce qui permet à la consommation des ménages de croître rapidement. L’inclusion des loyers imputés aux propriétaires de leurs logements dans l’indice des prix et dans l’inflation à laquelle réagit la Réserve fédérale explique donc que la croissance de 2023 des États-Unis a été supérieure à la croissance potentielle alors que la politique monétaire est restée restrictive.